Avec des termes qui témoignent en matière de production urbaine d’un vocabulaire de la globalisation, nous avons analysé une manière localisée d’anticiper le développement économique et culturel de la métropole.
Du point de vue de la métropole, l’économie créative est davantage une référence identitaire qu'un support de régulation de l’usage du territoire. Elle se nourrit d’opportunités territoriales, d’initiatives privées et publiques (Terres Neuves et Darwin) qui impulsent de fait une transformation significative des quartiers dans une logique de renouvellement urbain : ici dans le périmètre d’Euratlantique, là dans celui de la rive droite. La concurrence et l’éclatement entre les sites, l’autonomie et l’indépendance des projets, empêchent de considérer ces actions comme constitutives d’un axe stratégique d’aménagement. En témoigne l’absence d’un fond de décor à l’échelle métropolitaine, d’une image spatialisée du secteur en dehors de micro-sites. Nous n'observons pas un référentiel d’action en la matière, comme le reflète l’instabilité des définitions d'une "classe créative" données par les acteurs et sa capacité à transformer la métropole malgré une action diffuse de "créatifs".
Avec l’opération Campus, l’économie de la connaissance s’inscrit localement dans le chantier actuel de recomposition institutionnelle des universités. A l’actif du campus bordelais, un certain succès compétitif dans les appels à projets nationaux (labex), mais des difficultés récurrentes dans le processus même. Des décalages entre la mise en forme de la fonction campus et l’inscription de l’université dans l’espace (plan d’aménagement), le manque de cohérence des récits des acteurs, peinent quelquefois à donner du sens à un besoin de changement. L’université à Bordeaux est certes reconnue comme acteur de la configuration socio-politique locale, mais le système universitaire se réforme sans transformer fondamentalement la ville.
Si, pour les deux secteurs, les forces sont potentiellement présentes (clusters créatifs, plan campus), nous remarquons une disjonction entre secteurs d’activité (connaissance, culture et industrie créative) qui pondère l'efficacité d'une classe créative à initier des changements d'ampleur et une concurrence entre collectivités locales qui ne permet pas encore de dépasser le mythe affiché. Des actions qui ne s’élèvent pas, comme pour d’autres villes, au rang des avantages métropolitains.