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Partage de l'eau en Clunisois
Depuis cinq années consécutives, le Clunisois connaît des sécheresses et des restrictions d’eau systémiques qui fragilisent son économie et son agriculture. Comment assurer un accès à l’eau et un partage de la ressource à tous les acteurs du territoire ? Comment construire une politique convergente de l’eau pour anticiper ces crises hydriques solidairement ? Quelles dynamiques et quels modes de collaboration, quels circuits et quels aménagements sont nécessaires ? À quelles échelles territoriales ?
Le Clunisois est un pays de Bourgogne du Sud, arrosé par la Grosne, un affluent de la Saône dont elle couvre l’essentiel du bassin-versant. La ville de Cluny (4 900 habitants) rayonne sur ce territoire rural d’une grande richesse historique depuis l’An 910, lorsque fut fondée la célèbre abbaye qui a marqué de son empreinte les paysages, l’architecture et la société rurale de la région. Les relations de la ville à son territoire ont connu, au cours des 150 ans passés, des évolutions profondes qui ont mis à l’épreuve les équilibres et solidarités historiques et révélé un certain nombre de vulnérabilités. La première de ces vulnérabilités est une forte dépendance extérieure, accentuée par les phénomènes de mondialisation et de métropolisation qui marginalisent les territoires ruraux, leurs activités et leurs économies. Plus récemment, de nouvelles fragilités d’origine climatique affectent le territoire, dont le bassin-versant principal connaît depuis cinq années consécutives des sécheresses estivales endémiques. La perte de souveraineté du Clunisois sur son approvisionnement, en partie dépendant de transferts d’eau depuis d’autres bassins-versants, conjoint ces deux vulnérabilités et fait planer sur le territoire le spectre de futures crises hydriques extrêmement sévères.Deux évolutions en cours ouvrent des opportunités : a première est le transfert de la compétence « Eau » des communes vers la Communauté de Communes programmé à l’horizon 2026, et la seconde est liée à l’évolution des attentes des habitants en faveur de circuits courts et relocalisés.
D’une part, comment assurer un accès à l’eau et un mode de partage de la ressource à tous les acteurs du territoire qui en ont un besoin vital, en premier lieu habitants, agriculteurs et éleveurs ? Ces questions se posent dans un contexte de sécheresses et de pénuries estivales, de besoins en eau de l’agriculture irriguée qui explosent, de conditions de plus en plus difficiles pour le maraîchage, de pollution et de traitements excessifs, de ressources locales inexploitées, parmi lesquelles les formidables infrastructures hydrauliques héritées de l’abbaye de Cluny qui ont été complètement délaissés depuis l’installation de l’adduction dans les années 1960. D’autre part, comment répondre solidairement à ces enjeux ? Quelles dynamiques, quels circuits, quels mécanismes de collaboration entre acteurs — habitants, communes, communauté de communes, services de l’Etat, opérateurs de réseaux — sera-t-il nécessaire d’impulser, quels aménagements faudra-t-il concevoir et réaliser pour y parvenir ?
La mission de cette recherche-action sera de construire et formuler avec tous les acteurs du territoire des propositions structurantes à plus long terme, dans le cadre d’un Plan Territorial de Gestion de l’Eau (PTGE), après avoir accompagné et évalué ces premières actions. L’analyse des dynamiques et trajectoires du territoire permettra aux décideurs de se donner la capacité de faire face, collectivement et solidairement, aux crises hydriques qui s’annoncent récurrentes, structurellement et durablement. Le projet devra ouvrir la voie vers de nouvelles ressources et proposer un mode de gestion où la solidarité entre acteurs se substitue aux conflits d’usages de l’eau.
Cette recherche-action engage deux aspects méthodologiques complémentaires : 1- Le processus collectif de dialogue de la recherche avec les élus et le grand public. Le Clunisois présente une dynamique éprouvée de travail collectif des élus entre eux et avec les habitants et autres acteurs du territoire. Le projet capitalisera sur cette dynamique, y insufflant un volet scientifique. Ce mode de collaboration entre recherche, décision et action s’inscrit dans une expérimentation méthodologique, par un dialogue étroit entre chercheurs, élus et grand public, s’appuyant sur la méthode des enquêtes participatives. 2- L’analyse des dynamiques et trajectoires métaboliques du territoire. La recherche-action bénéficiera des recherches conduites au sein de la Chaire Architectures de l’Eau de l’ENSA Paris Malaquais, qui vise à réinventer le rôle structurant et régulateur de l’eau dans la conception architecturale et urbaine et la gestion des territoires. À cette fin, elle utilise le métabolisme territorial comme outil d’analyse des quantités de flux (eau, matières, énergie…) entrant et sortant d'un territoire.