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Les petites villes bénéficient d’un certain attrait en matière de localisation résidentielle et économique particulièrement marqué en périphérie des métropoles. Aux portes du territoire métropolitain bordelais, la Communauté de communes du Créonnais connaît un développement urbain soutenu, la proximité de la métropole ayant par ailleurs modifié durablement ses paysages agricoles qui ont évolué d’une production nourricière pour la grande ville à une monoculture viticole aujourd’hui en crise. Or ces communes sont désormais soumises à une législation nationale exigeante en matière de lutte contre l’artificialisation des sols et la minéralisation des espaces urbains. Comment concilier les objectifs paradoxaux de développement démographique et des emplois, de préservation des espaces agricoles et de nature, de réduction de la consommation d’espace et de renaturation des espaces urbanisés ? Il semble que les conditions d’un nouvel urbanisme rural soient à inventer.

En Italie, à la suite de l’architecte et urbaniste Alberto Magnaghi, les enseignants-chercheurs de l’université de Florence développent une approche de projet d’urbanisme alternative d’inspiration biorégionale. Elle vise à établir un « pacte ville-campagne » qui repose sur des solidarités réinventées au niveau territorial et où la revalorisation des espaces publics et des espaces agro-forestiers et naturels fonde un projet de territoire co-élaboré avec les communautés locales. En Aquitaine de 2012 à 2016, cette théorie-pratique a inspiré le projet de recherche-action BIOREGION en partenariat entre les universités de Florence et Bordeaux Montaigne, deux parcs naturels régionaux, le département de la Gironde et le Sysdau, syndicat porteur du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) de l’Aire Métropolitaine Bordelaise, le Sysdau ayant poursuivi cette démarche à travers l’élaboration de son Plan de Paysage où la renaturation est envisagée selon une approche multi-scalaire.

À Créon, commune partie prenante du SCOT, l’objectif de renaturation participe au plan d’action défini dans le cadre du programme Petite Ville de Demain. Cependant, d’un point de vue méthodologique, l’opérationnalisation locale de cet objectif et des principes de solidarités écologique et territoriale qu’il implique pose question. L’hypothèse développée par le projet de recherche-action RECREON est que l’approche biorégionale peut à nouveau constituer un outillage conceptuel et opératoire pertinent pour accompagner la définition d’une stratégie de renaturation avec la participation des collectivités territoriales et en appui sur les dispositifs de démocratie participative mis en place à Créon avec les citoyens et en particulier, les adolescents et les enfants.

L’approche biorégionale italienne sera expérimentée à Créon et dans le Créonnais en capitalisant dans un premier temps, les travaux et les méthodes issus des expériences récentes réalisées par l’équipe de recherche-action en Gironde et en Toscane dans une optique biorégionale et les projets portés par la commune et l’intercommunalité analysés selon cette même optique. Dans un second temps, l’équipe franco-italienne s’attachera à proposer une vision biorégionale de Créon et du Créonnais selon une démarche itérative experte et citoyenne. La formalisation d’un pacte pour la renaturation constituera le dernier temps de la démarche. Un séminaire conclusif avec les différents acteurs, parties prenantes des deux premiers temps, visera alors à identifier collectivement ce qui fonde le "patrimoine territorial"  et les intérêts de la communauté d’acteurs à le préserver et à le mettre en valeur dans la perspective de solidarités retrouvées entre ville, nature et campagne.