De la ville-port à la Métropole fluviale - Un portulan pour Strasbourg
Antoine Beyer, Jean-Alain Hérault, Frédéric Rossano, Bruno Steiner
L’Eurométropole de Strasbourg, composée de 33 communes et habitée par plus de 490 000 habitants, s’est développée à la confluence de cours d’eaux. Par conséquent, son port, source d’une intense activité industrielle et logistique, occupe une importante superficie du territoire métropolitain, qu’il contribue à relier, par différents réseaux, au reste du monde. Il peut jouer un rôle-clé dans l’affirmation du caractère métropolitain et transfrontalier de l’agglomération strasbourgeoise.
D’abord circonscrit et adossé à la ville médiévale, le port de Strasbourg organise depuis le début du XXème siècle le rapport de la ville au Rhin, en ouvrant celle-ci à un vaste réseau fluvial et maritime. Il est aujourd’hui au cœur des échanges intra- et extra-métropolitains, grâce aux quatre grands corridors transeuropéens qui se croisent dans la métropole strasbourgeoise : Atlantique, Rhénan-Alpin, Mer du Nord-Méditerranée et Rhin-Danube. En mobilisant différents outils, au premier rang desquels des ateliers de projets architecturaux et urbains, un système d’information géographique transfrontalier ainsi que des cartographies comparatives, il s’agit de donner à voir la diversité des réseaux, des sites, des fonctions et des échanges liés à l’activité portuaire.
Le port de Strasbourg constitue une interface entre la ville et son environnement. Il est aussi un lieu de circulation et de transformation de différentes ressources. Enfin, il présente des espaces et des urbanités originales (espaces naturels sous-exploités, friches, hangars, nouveaux quartiers à proximité de l’activité portuaire, etc.), qui peuvent faciliter différents types d’expérimentation. Il apparaît ainsi comme un laboratoire des mutations métropolitaines contemporaines, en particulier des transitions vers la durabilité. L’étude du métabolisme portuaire permet notamment d’identifier des possibilités de développement d’une économie circulaire. À ces opportunités se superposent des risques, liés à la baisse des eaux du Rhin : la recherche vise, dans ce contexte, à identifier des leviers pour améliorer la résilience de la métropole et de son port.
Le port et l’agglomération strasbourgeoise ont en-tamé, au cours des dernières décennies, un processus de rapprochement qui permet aujourd’hui d’envisager une meilleure fluidité des relations entre acteurs, qu’ils soient institutionnels ou industriels. Ce rappro-chement a notamment permis une meilleure articula-tion entre les activités portuaires et le développement métropolitain, ce qui a rendu possibles d’importants projets urbains qui multiplient aujourd’hui les situa-tions d’entre-rives, au cœur de l’Eurométropole, mais aussi auprès et au-delà de la frontière allemande. Dans le même temps, le rapprochement entre la ville et son port permet de réaffirmer l’armature hydrique du territoire par la renaturation des berges et canaux ou par l’enrichissement de l’activité portuaire par d’autres pratiques (location de bateaux de loisir, logis-tique fluviale, baignades urbaines, etc.). L’étude de ces nouvelles pratiques urbaines permet d’évaluer la per-tinence d’un modèle métropolitain qualifié d’« archipé-lagique ».
Antoine Beyer, Jean-Alain Hérault, Frédéric Rossano, Bruno Steiner
Les enjeux de biodiversité et de ressources naturelles tels que leur préservation et leur gestion s’inscrivent dans les territoires, au-delà des périmètres administratifs, et permettent de repenser les complémentarités entre territoires. Les flux de matière et d'énergie mis en œuvre dans le fonctionnement d’un territoire et analysés au prisme du métabolisme urbain, donnent à voir les jeux d’acteurs qui les structurent et leur inscription territoriale, au-delà de la simple dialectique territoire servant / servi.
Les relations entre deux espaces contiguës de part et d’autre d’une frontière administrative ou physique, ou relations transfrontalières font l’objet de cas d’étude spécifiques dans les coopérations territoriales. Elles illustrent le partage croissant des politiques territoriales entre de nouveaux acteurs, qui agissent pour que des solutions communes puissent être trouvées aux défis communs. Selon les contextes géographiques et les enjeux des territoires, ces coopérations transfrontalières varient de la gestion des ressources, aux projets urbains transfrontaliers.
Le développement économique des métropoles, villes et territoires, et leurs modèles économiques soulèvent des enjeux de résilience, d’attractivité du territoire, de bien-être social, et de réduction des inégalités socio-économiques. Les tendances économiques actuelles telles que la délocalisation, la mise en concurrence des territoires ou encore la spécialisation tendent à s’orienter vers la coopération économique entre les territoires. La recherche au sein des plateformes POPSU s’attache à observer ces modèles, leurs jeux d’acteurs et leurs transitions actuelles.
L’accès à un habitat décent pour toutes et tous dans un tissu urbain de qualité est un enjeu majeur pour les collectivités, et de nombreuses problématiques poussent aujourd’hui l’action publique à penser l’aménagement territorial en fonction de celles-ci. Tout d’abord, l’urgence climatique impose un changement de paradigme autour de l’étalement urbain, et donc une réflexion sur la densification vertueuse des villes comme des petites communes. On lutte contre l’étalement urbain, bien que la périurbanisation des métropoles leur offre d’importantes emprises foncières.