Les paysages grenoblois de l’eau demeurent aujourd’hui très largement façonnés par les corps d’ingénieurs, les industriels et énergéticiens et dans une moindre mesure par les collectivités locales et les services de l’État, soucieux de maitriser les aléas en milieux urbanisés. Toutefois, des mouvements concomitants viennent bousculer cette mécanique experte, et témoignent tant d’un infléchissement des modes de conception de l’interface ville/eau en faveur de l’usage et de l’urbanité, que d’un élargissement des sphères de la gouvernance urbaine à des pans organisés de la société civile. Ce faisceau de signaux faibles augure-t-il une bifurcation territoriale vers une fabrique écologique et paysagère des espaces habités ?
Sur le territoire Grenoblois, l’eau est à la fois partout et nulle part. À la culture du risque initiée par l’ingénierie militaire et civile, s’est ajoutée celle de la valorisation productive. Mais le dérèglement climatique vient perturber cette équation. Alors comment combiner culture du risque, production du cadre de vie et valorisation de la ressource en vue de « mieux » vivre avec l’eau ? À l’heure des changements globaux et de l’occurrence des épisodes de pénurie et de sécheresse, la plateforme observera les projets et stratégies visant à « retrouver les voi(es)x de l’eau » à travers les modalités de son partage, de sa mise en visibilité et de son dess(e)in, tout en traçant les possibles « sentiers » d’une transition grenobloise vers le monde (urbain) de demain.
L’eau est aujourd’hui au cœur de bon nombre de controverses pour le devenir de la métropole grenobloise et de ses territoires voisins. L’analyse de l’irruption dans le débat public de l’enjeu du partage de l’eau posera plus globalement la question de sa gouvernance « entre gestion publique et solidarité métropolitaine ».
Si la bonne gestion de l’eau a toujours constitué à Grenoble un sujet dans le débat public, la question de sa présence physique, de la continuité de sa trame ou de sa capacité à faire espace public reste très largement tributaire d’une ingénierie souterraine, reléguant trop souvent l’enjeu de sa révélation sensible, écologique et paysagère au second plan. Or c’est paradoxalement sur ce point que se jouera demain l’habitabilité de la cuvette grenobloise.
L’eau dessine, compose et modifie l’espace. En tant qu’élément liquide, elle a le potentiel d’articuler sols et sous-sols, de structurer les territoires par un jeu d’interdépendances, de liens physiques et de continuités et ce à différentes échelles spatiales. Ce troisième et dernier axe se veut prospectif et complémentaire des deux premier. Postulant l’échelle des bassins-versants comme cadres interprétatifs et opérants de la capacité de l’eau à faire territoire, les travaux ici engagés veilleront à croiser sciences du paysage, du vivant et du territoire avec pour intention de forger des visions spatialisées des possibles récits de la transition grenobloise à l’heure des changements globaux.
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Partenaires
Frédéric PONTOIRE, Directeur de l’Agence d’Urbanisme de la Région Grenobloise Murielle PEZET-KUHN , Directrice d’études territoires et environnement Anne POTTECHER, Responsable communication