Guingamp, le défi du logement pour tou·tes

Programme B - Binge Audio
Guingamp constitue un cas, qui tend à se généraliser, de petite ville qui connait de manière continue une lente érosion démographique, marquée à la fois par le vieillissement de sa population, une faible attractivité et un solde naturel négatif. Corollaire de cette situation, le centre-ville est marqué par des signes de ce délaissement : la vacance des logements y est en forte progression, une partie des bâtiments du centre-ancien connait des problématiques structurelles et infrastructurelles accentuant l’effet repoussoir auprès des nouveaux ménages. Le parc de logements existant est ainsi de moins en moins attractif ni adapté à la demande conduisant à accentuer la vacance et le développement de logements indignes ou dégradés.
Telle que définie par la loi du 25 mars 2009, la notion d’indignité regroupe un ensemble de situations d’habitat présentant un risque pour la santé ou la sécurité des occupants ou des tiers. Constituant une réalité qui concerne aujourd’hui 900 000 à 1 300 000 personnes en France (Fondation Abbé Pierre, 2020), l’habitat indigne se concentre dans les centres anciens des grandes agglomérations mais n’épargne pas le reste du territoire, parfois de manière plus invisible : petites villes, bourgs anciens, espaces ruraux éloignés (rapport DIHAL, 2013). La commune de Guingamp, qui a perdu 25% de sa population en 40 ans compte aujourd’hui environ 13% de logements potentiellement indignes. Face aux impacts sanitaires et sociaux du mal logement, l’État et l’ensemble des acteurs locaux se mobilisent à travers la création d’une diversité de dispositifs censés lutter contre l’habitat insalubre.
La communauté d’agglomération de Guingamp mène depuis de nombreuses années des actions de lutte contre l’habitat indigne incitatives envers les propriétaires et les porteurs de projet : OPAH-copropriétés (2013) et PIG « Énergie & Adaptation » (2015). À ce volet incitatif s’ajoute un volet coercitif ciblé sur le centre-ville qui vise à intervenir sur les immeubles les plus dégradés en situation de blocage : Opération de Restauration immobilière (ORI) et opérations de recyclage foncier. Ces dispositifs nationaux, souvent lourds et complexes, s’avèrent dans les faits rarement adaptés à l’ingénierie locale et difficilement mobilisables par les acteurs locaux, et certains défis restent prégnants sur le territoire de Guingamp (forte vacance résidentielle et commerciale). En effet, contrairement aux grandes villes où la lutte contre l’habitat indigne se présente dans un contexte de forte pression foncière et immobilière, les spécificités des petites villes en déprise nécessitent de repenser l’intervention des pouvoirs publics à l’échelle locale.
Dans la perspective d’identifier les ressorts de l’émergence de l’habitat indigne dans le contexte spécifique d’une petite ville en décroissance (vieillissement de la population, vacance préoccupante et insalubrité de logements) ainsi que l’évolution des formes de vulnérabilité résidentielle, ce programme associe les expertises des chercheurs de plusieurs disciplines (géographie-aménagement, sociologie, droit, architecture) et d’étudiants de master. Des entretiens et des focus groups seront ainsi réalisés avec des responsables politiques et des acteurs de l’aménagement, des commerçants et des habitants. En partenariat avec les acteurs du territoire, ce programme vise ainsi à proposer des pistes d’intervention pour intégrer la lutte contre l’habitat indigne dans la cadre d’un projet intégré de territoire.
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L’accès à un habitat décent pour toutes et tous dans un tissu urbain de qualité est un enjeu majeur pour les collectivités, et de nombreuses problématiques poussent aujourd’hui l’action publique à penser l’aménagement territorial en fonction de celles-ci. Tout d’abord, l’urgence climatique impose un changement de paradigme autour de l’étalement urbain, et donc une réflexion sur la densification vertueuse des villes comme des petites communes. On lutte contre l’étalement urbain, bien que la périurbanisation des métropoles leur offre d’importantes emprises foncières.
Les entités territoriales sont découpées administrativement en différentes structures qui correspondent à des échelles et des compétences distinctes. Ce maillage administratif ne coïncide pas nécessairement avec ce que l’on identifie comme les bassins de vie, ni avec les espaces vécus par les populations qui les composent. Ce constat amène à envisager les relations que peuvent entretenir ces entités territoriales les unes avec les autres.