Culture et métropole : une trajectoire montpelliéraine
Emmanuel Négrier, Philippe Teillet
Montpellier Méditerranée Métropole, qui rassemble 31 communes et plus de 460 000 habitants, s’est développée sur la façade méditerranéenne au sein d’un territoire courant d’Alès à Sète voire Béziers, et s’ouvrant à l’arrière-pays. Si sa structuration progressive s’est appuyée sur d’importants projets de transformation urbaine, l’enjeu semble aujourd’hui de renouveler les relations avec ces agglomérations dans le contexte notamment de pressions sur les ressources foncières et de l’accentuation des risques liés au changement climatique. Selon quelle figure ce déploiement se manifeste-t-il ?
Les politiques culturelles de l’agglomération montpelliéraine, principalement fondées sur le primat de l’offre, ont été structurantes dans son développement et sont souvent présentées comme singulières. La recherche interroge les opportunités de renouvellement de ces politiques, en montrant comment des initiatives telles que les collectifs de spectateurs ou les espaces coopératifs peuvent contribuer à une production culturelle plus horizontale et transversale. Parallèlement, elle vise à questionner les pratiques culturelles à l’échelle métropolitaine, pour évaluer la sédentarité ou le nomadisme des publics de la culture et à interroger le rayonnement culturel de la métropole au-delà de ses limites. Enfin, il s’agit d’observer en quoi le territoire peut apparaître lui-même comme un objet culturel, support de représentations et d’identifications spatiales.
Montpellier est une ville rétro-littorale, mais qui connaît aujourd’hui, du fait de la métropolisation, une importante expansion vers la Méditerranée. Dans l’espace entre le noyau urbain ancien et la mer existent deux modèles de développement urbain concurrents : celui des stations littorales héritées de la Mission Racine, en voie de requalification ; et celui, plus récent, de la périurbanisation. L’enjeu est de savoir comment, dans ce contexte, le développement de la métropole vers la mer peut être organisé, en interrogeant le fonctionnement de ces deux modèles et les stratégies des acteurs responsables de leur développement et de leur gestion. Parallèlement, il s’agit d’évaluer si la métropolisation littorale est viable à long terme, dans le contexte du changement climatique et des risques liées à la montée des eaux. Les modalités de la gouvernance de la prévention des risques, qui implique différents acteurs parmi lesquels Montpellier Méditerranée Métropole s’impose progressivement, font l’objet d’une attention particulière.
Montpellier Méditerranée Métropole et ses périphéries connaissent un développement résidentiel rapide qui résulte de stratégies foncières publiques ou privées et de l’implication d’acteurs de la chaîne de l’immobilier. La recherche vise à questionner, dans le contexte d’une inégalité d’attractivité et de ressources entre les différentes parties du territoire, la possibilité d’une régulation coordonnée de l’intervention de ces acteurs. Pour ce faire, il s’agit d’abord d’étudier les différents outils
mobilisés par les collectivités pour traduire leurs attentes quant à la production immobilière, notamment dans les politiques foncières, les documents d’urbanisme et de planification ou par le biais de dispositifs de négociation. Il s’agit ensuite d’analyser les espaces immobiliers produits au cours de la dernière décennie dans la métropole, en évaluant notamment s’ils aboutissent
à des formes urbaines standardisées et s’ils permettent des modes d’habiter et de déplacement compatibles avec les exigences de solidarité territoriale et de transition écologique.
Emmanuel Négrier, Philippe Teillet
Les entités territoriales sont découpées administrativement en différentes structures qui correspondent à des échelles et des compétences distinctes. Ce maillage administratif ne coïncide pas nécessairement avec ce que l’on identifie comme les bassins de vie, ni avec les espaces vécus par les populations qui les composent. Ce constat amène à envisager les relations que peuvent entretenir ces entités territoriales les unes avec les autres.
Les métropoles ont longtemps été pensées comme des vecteurs d’attractivité. Leur position de centralité et le regroupement de nombreuses structures administratives, économiques, politiques et touristiques en leur sein ont poussé à les envisager comme des centres capables d’attirer autant les investissements que les flux humains. Parallèlement, la place de l’échelle de gouvernance municipale s’est vu croître depuis la fin des années 1980, accordant une place et une indépendance à ces métropoles toutes imbriquées dans des réseaux d’échanges multi-scalaires.
Dans des territoires aux espaces pluriels et divers, les modes de vie et les pratiques habitantes sont nombreux. Ainsi, interroger ceux-ci revient à appréhender les relations entre l’ensemble des populations et espaces d’un territoire au travers de la vie de ses habitants. Les parcours résidentiels, les mobilités, l’alimentation, l’accès aux soins ou aux loisirs sont autant de domaines concernés par la diversité des modes de vie pouvant permettre de trouver des leviers d’action publique dans le but d’améliorer la qualité de vie de chacun.
Pour répondre aux enjeux de la transition écologique - ceux du changement climatique, de la rareté des ressources, de la perte accélérée de la biodiversité ou encore de la résilience en réponse aux crises sanitaires environnementales, les villes et territoires mobilisent des leviers divers, que les projets de recherche de la plateforme s’attachent à analyser.
L’accès à un habitat décent pour toutes et tous dans un tissu urbain de qualité est un enjeu majeur pour les collectivités, et de nombreuses problématiques poussent aujourd’hui l’action publique à penser l’aménagement territorial en fonction de celles-ci. Tout d’abord, l’urgence climatique impose un changement de paradigme autour de l’étalement urbain, et donc une réflexion sur la densification vertueuse des villes comme des petites communes. On lutte contre l’étalement urbain, bien que la périurbanisation des métropoles leur offre d’importantes emprises foncières.
Le domaine culturel est, sans interruption depuis la fin des années 1970, un thème récurrent du développement urbain montpelliérain. Comment a-t-il intégré l’essor d’une urbanisation bien plus large ? Cette recherche présente la trajectoire et les différents enjeux d’une définition non plus municipale mais intercommunale du développement culturel. Quels sont les domaines concernés ? Selon quels principes d’aménagement du territoire intercommunal, et avec quels effets sur la gouvernance, multi-niveau, des politiques culturelles ?