Transformations de l'action publique métropolitaine
Laurent Devisme, Théo Fort-Jacques
L’injonction à la durabilité et aux transitions écologiques implique, dans les métropoles, un renouvellement des modèles d’action et des formes urbaines. Au sein de Nantes Métropole, qui rassemble 24 communes et près de 640 000 habitants, ce constat s’est traduit par le développement de nouveaux outils de planification et de gouvernance, qui permettent de redessiner les contours des acteurs et des territoires impliqués dans l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie métropolitaine.
Les systèmes alimentaires métropolitains connaissent des évolutions, liées notamment aux habitudes des consommateurs et aux pratiques des producteurs, mais qui font aussi l’objet de processus d’institutionnalisation et de politisation. La recherche vise à explorer, dans le contexte de la mise en œuvre du Projet alimentaire territorial de Nantes Métropoles, la fabrique alimentaire des territoires par les pratiques habitantes et les initiatives des acteurs de terrain. D’une part, il s’agit de questionner la gouvernance alimentaire métropolitaine, en observant comment se construisent des politiques partagées entre différents types d’acteurs, y compris péri-métropolitains. D’autre part, le cas des cantines solidaires citoyennes, lieux de distribution souvent informels de nourriture à prix libre et habituellement destinés aux plus précaires, est étudié : l’analyse de leur fonctionnement et de leur déploiement dans l’espace métropolitain permet d’évaluer les manières dont elles peuvent être prises en compte par l’action publique.
Le changement climatique et la transition énergétique impliquent un renouvellement des stratégies et des outils de la planification métropolitaine. Dans le même temps, on observe un épuisement des discours sur les vertus de la densification et sur la possibilité d’impulser par des politiques publiques ou des dispositifs techniques des changements de comportements. Pour dépasser cette contradiction, la recherche propose d’observer la contribution des habitants et des acteurs associatifs aux transitions écologique et énergétique, en s’intéressant à la fois à des expérimentations d’habitants autour de l’écoconstruction et à des initiatives pilotées par des acteurs associatifs ou collectifs dans les domaines de la production, de l’information ou de la mobilisation citoyenne. Ce relevé permet ensuite d’analyser les types d’échanges que ces acteurs « ordinaires » des transitions entretiennent avec les acteurs publics locaux et les acteurs industriels de l’énergie, ouvrant la réflexion sur le rôle de l’échelon local dans la transition énergétique.
Montpellier Méditerranée Métropole et ses périphé-ries connaissent un développement résidentiel rapide qui résulte de stratégies foncières publiques ou privées et de l’implication d’acteurs de la chaîne de l’immobilier. La recherche vise à questionner, dans le contexte d’une inégalité d’attractivité et de ressources entre les diffé-rentes parties du territoire, la possibilité d’une régula-tion coordonnée de l’intervention de ces acteurs. Pour ce faire, il s’agit d’abord d’étudier les différents outils mobilisés par les collectivités pour traduire leurs at-tentes quant à la production immobilière, notamment dans les politiques foncières, les documents d’urba-nisme et de planification ou par le biais de dispositifs de négociation. Il s’agit ensuite d’analyser les espaces immobiliers produits au cours de la dernière décennie dans la métropole, en évaluant notamment s’ils abou-tissent à des formes urbaines standardisées et s’ils per-mettent des modes d’habiter et de déplacement compatibles avec les exigences de solidarité territoriale et de transition écologique.
Laurent Devisme, Théo Fort-Jacques
Dans des territoires aux espaces pluriels et divers, les modes de vie et les pratiques habitantes sont nombreux. Ainsi, interroger ceux-ci revient à appréhender les relations entre l’ensemble des populations et espaces d’un territoire au travers de la vie de ses habitants. Les parcours résidentiels, les mobilités, l’alimentation, l’accès aux soins ou aux loisirs sont autant de domaines concernés par la diversité des modes de vie pouvant permettre de trouver des leviers d’action publique dans le but d’améliorer la qualité de vie de chacun.
Les enjeux de biodiversité et de ressources naturelles tels que leur préservation et leur gestion s’inscrivent dans les territoires, au-delà des périmètres administratifs, et permettent de repenser les complémentarités entre territoires. Les flux de matière et d'énergie mis en œuvre dans le fonctionnement d’un territoire et analysés au prisme du métabolisme urbain, donnent à voir les jeux d’acteurs qui les structurent et leur inscription territoriale, au-delà de la simple dialectique territoire servant / servi.
Pour répondre aux enjeux de la transition écologique - ceux du changement climatique, de la rareté des ressources, de la perte accélérée de la biodiversité ou encore de la résilience en réponse aux crises sanitaires environnementales, les villes et territoires mobilisent des leviers divers, que les projets de recherche de la plateforme s’attachent à analyser.
L’accès à un habitat décent pour toutes et tous dans un tissu urbain de qualité est un enjeu majeur pour les collectivités, et de nombreuses problématiques poussent aujourd’hui l’action publique à penser l’aménagement territorial en fonction de celles-ci. Tout d’abord, l’urgence climatique impose un changement de paradigme autour de l’étalement urbain, et donc une réflexion sur la densification vertueuse des villes comme des petites communes. On lutte contre l’étalement urbain, bien que la périurbanisation des métropoles leur offre d’importantes emprises foncières.
Si la place de la santé dans l’action publique métropolitaine est au premier plan dans un contexte de crise sanitaire, les collectivités cherchent en permanence les leviers permettant l’accès aux soins pour toutes et tous. Les coopérations territoriales autour de la santé sont nombreuses, du développement des tissus de praticiens aux systèmes de gouvernance des politiques locales de santé, en passant par le soutien à la recherche et en l’innovation sociale dans ce domaine.