La métropole par la santé ? Coopérations dans les territoires de l'orléanais
Pierre Allorant, Sylvain Dournel, Fouad Eddazi, Franck Guérit
Orléans Métropole est une intercommunalité rapidement passée du statut de communauté d’agglomération à celui de métropole et qui n’a pas de tradition de coopération institutionnalisée avec ses voisins. Rassemblant 22 communes et 280 000 habitants, elle porte un projet d’intensification de ses fonctions métropolitaines et de ses coopérations, notamment dans le domaine de la santé. Il s’agit d’évaluer si la métropolisation peut contribuer à l’amélioration de l’offre de santé et du bien-être de la population.
Orléans Métropole manque de praticiens de santé, tandis que ses territoires semblent connaître une faible attractivité auprès de ces derniers, malgré des indicateurs socio-économiques positifs. Si ce déficit d’offre est en partie nourri par l’absence d’un centre hospitalier universitaire au sein de la métropole, il motive la réalisation d’un inventaire du tissu local des praticiens à même de souligner les principaux enjeux de développement de l’offre de santé. Il s’agit notamment de rendre compte d’éventuelles disparités spatiales dans la répartition des praticiens à l’échelle de l’aire urbaine orléanaise, mais aussi des évolutions socio-démographiques liées à ces métiers, comme la féminisation, le vieillissement ou le développement de l’exercice regroupé. Parallèlement, la recherche vise à interroger les effets de l’obtention du statut métropolitain sur l’attractivité d’Orléans auprès des jeunes médecins et à identifier leurs attentes en termes d’offres de service.
Il s’agit d’étudier les pratiques de santé des différentes catégories de population de l’aire urbaine orléanaise. En effet, du fait du manque prononcé de praticiens de santé dans le département du Loiret hors Orléans Métropole, l’offre de soin métropolitaine doit aussi satisfaire les besoins des habitants des périphéries. Il est aussi possible, par exemple, que les populations les plus aisées développent des stratégies spécifiques pour accéder à certains services de santé, notamment dans les agglomérations parisienne ou tourangelle. Enfin, l’innovation sociale et les développements technologiques peuvent contribuer à faire évoluer les pratiques de santé, notamment en lien avec l’habitat intergénérationnel ou les technologies de soin à distance. La recherche vise aussi à rendre compte des façons dont la métropolisation peut ou non contribuer au bien-être en ville, en envisageant ses effets sur l’alimentation, les pratiques agricoles, le développement des pratiques sportives, la résilience face aux risques et l’accidentologie.
La création d’Orléans Métropole contribue à re-composer le système de gouvernance des politiques locales de santé. Il s’agit d’abord d’observer, à l’échelle de la métropole, comment les stratégies des com-munes en matière de santé, et notamment de mai-sons de santé permettant le rapprochement de praticiens, peuvent s’articuler. Il s’agit ensuite de ques-tionner, à l’échelle de l’aire métropolitaine, les condi-tions de possibilité d’une stratégie coordonnée autour des politiques de santé. Des dispositifs de coopération préexistants, tels que la démarche InterSCOT, peuvent-ils être mobilisés pour ce faire ? Enfin, la re-cherche permet de s’interroger sur les rapports entre les collectivités territoriales et les acteurs privés et pu-blics de l’offre de soin, dans la perspective de renfor-cer les solidarités territoriales autour des enjeux de santé.
Pierre Allorant, Sylvain Dournel, Fouad Eddazi, Franck Guérit
Les entités territoriales sont découpées administrativement en différentes structures qui correspondent à des échelles et des compétences distinctes. Ce maillage administratif ne coïncide pas nécessairement avec ce que l’on identifie comme les bassins de vie, ni avec les espaces vécus par les populations qui les composent. Ce constat amène à envisager les relations que peuvent entretenir ces entités territoriales les unes avec les autres.
Dans des territoires aux espaces pluriels et divers, les modes de vie et les pratiques habitantes sont nombreux. Ainsi, interroger ceux-ci revient à appréhender les relations entre l’ensemble des populations et espaces d’un territoire au travers de la vie de ses habitants. Les parcours résidentiels, les mobilités, l’alimentation, l’accès aux soins ou aux loisirs sont autant de domaines concernés par la diversité des modes de vie pouvant permettre de trouver des leviers d’action publique dans le but d’améliorer la qualité de vie de chacun.
La mobilité - ou plutôt les mobilités - est l’une des notions les plus partagées au sein des sciences sociales, en particulier en géographie, sociologie, aménagement et urbanisme. Définies comme les déplacements de personnes d’un lieu à un autre, les mobilités sont intimement reliées aux choix des modes de transports et à la notion d’accessibilité.
Si la place de la santé dans l’action publique métropolitaine est au premier plan dans un contexte de crise sanitaire, les collectivités cherchent en permanence les leviers permettant l’accès aux soins pour toutes et tous. Les coopérations territoriales autour de la santé sont nombreuses, du développement des tissus de praticiens aux systèmes de gouvernance des politiques locales de santé, en passant par le soutien à la recherche et en l’innovation sociale dans ce domaine.