Bordeaux - Analyse projet - Quais Rive Gauche - Godier et Mazel

Le glissement progressif sur 30 ans du port de la ville centre vers l’aval du fleuve libére progressivement dans les années 80 une vaste emprise foncière. Dans ce contexte, les quais rive gauche constituent un des espaces les plus emblématiques de l’agglomération par la qualité du paysage urbain qu'ils constituent (4,5 km) et par leur patrimoine architectural. À partir de 1999, un grand projet d’aménagement est lancé sur cet espace, séquencé en cinq tronçons successifs. Quatre font l’objet d’un concours remporté par le paysagiste Michel Corajoud et destiné à « jardiner les quais » en les transformant en promenade urbaine. Une cinquième séquence réhabilite une série de hangars en ensemble commercial : « quai des marques. »
La mutation des quais demeure avec le tramway un des grands gestes emblématiques de la transformation de l’espace bordelais. Il ratifie d’abord une rupture historique, en devenant en lieu et place du port un parc urbain contemporain aux activités ludiques et touristiques. Dans un temps plus court, il incarne un autre retournement d’ampleur, le passage d’une ville vouée au tout automobile vers une ville à l’espace public partagé (pietons, cyclistes). C’est une rupture culturelle qui. révèle une nouvelle urbanité comme le montre le succès inattendu du miroir d’eau, véritable symbole de l’appropriation de cet espace par le grand public.
1988-1994 Phase de réflexions et concours d’idées (les deux rives)
1996 Premières démolitions de hangars.
1998 Concours d’architecture.
1999 Réhabilitation Hangar 14.
2000 Présentation projet les « quais jardinés » de Corajoud.
2007Le tramway sur toute la longueur de la façade-Départ du croiseur Colbert.
2009 Fin des travaux..
Les politiques locales et les grands projets urbains de la dernière décennie (1996-2007) ont renouvelé de manière très volontariste les espaces publics et donc les pratiques de la ville et la vie citadine. C’est ainsi que les quais rive-gauche ont conforté l’image de la ville en y intégrant une dimension paysagère et le tramway a été l’élément déterminant pour la réhabilitation des espaces publics du centre-ville Bordelais et de la restructuration des centres des communes périphériques.
L’objectif de ce travail a été d’apprécier auprès des acteurs de la ville « en train de se faire » la pertinence du référentiel d’action communautaire. Comment ont été perçus les problématiques, les solutions et le sens donné au changement depuis 10 ans ? Les réponses apportées sont classées en fonction de trois mises en perspective. La première concerne l’évolution des schémas cognitifs qui sont au coeur du référentiel et qui renvoient à la vision, le diagnostic et la nature des problèmes à traiter.
La thématique du développement durable s’impose désormais aux responsables des grandes agglomérations françaises. Derrière ce consensus, les réponses au questionnaire nous montrent la spécificité des diagnostics et des stratégies d’intervention de chaque ville. L’analyse transversale nous montre qu’au delà de la variété des démarches les problèmes de concrétisation demeurent, mais que des progrès incontestables sont accomplis.
Quelle place donner à l’économie dans l’étude des projets et des stratégies urbaines ? La thématique du développement économique est abordée dans l’analyse transversale à travers l’organisation des acteurs des agglomérations pour accompagner ou susciter le développement économique. Les réponses au questionnaire abordent ce problème à travers l’angle de l’économie foncière et immobilière.
Cette thématique regroupe des questions relatives aux typologies des formes urbaines rencontrées, et des questions relatives aux acteurs et aux stratégies qu’ils mettent en place pour les maîtriser. Les réponses au questionnaire montrent la diversité des diagnostics et des stratégies entre les agglomérations. L’analyse transversale analyse la redistribution des compétences aux différentes échelles territoriales et l’apparition de nouveaux outils.
L’agglomération bordelaise mène depuis dix ans une transformation profonde de son territoire. Après des années d’attente, nombre de projets ont été lancés, révélant quatre grandes dynamiques : le bouleversement de l’espace urbain par les grands chantiers (tramway, aménagement des quais), l’émergence de nouveaux usages de la ville (espace public, référents), l’évolution des méthodes de gouvernement (gouvernance, leaderships) et le renouvellement des cultures professionnelles (projets de territoire, concertation).