Toulon, le virage métropolitain
Au terme des recherches réalisées en lien avec l’Agence d’Urbanisme de la Région Toulonnaise sur le périmètre de la Communauté d’Agglomération de Toulon, trois défis s’imposent à l’aire toulonnaise : l’affirmation du rôle de la métropole toulonnaise dans l’arc méditerranéen pour rayonner davantage ; l’organisation de la cohérence d’un système urbain multipolaire pour pallier des déséquilibres ; la confortation de l’émergence d’une gouvernance métropolitaine. Elle s’y emploie.
Toulon fait partie de ces villes qui connaissent une dynamique urbaine mais non technopolitaine, à l’instar de Nice et Avignon. Si elle a atteint la taille démographique d’une métropole, elle n’en possède pas encore la structure économique. Le poids de l’emploi dans les fonctions métropolitaines y est nettement plus faible que dans les aires urbaines de taille comparable. Les activités de conception-recherche et les services supérieurs en général sont limités. Le déficit relatif des cadres des fonctions métropolitaines est criant. Parallèlement, les activités à forte intensité technologique sont, elles-aussi, d’un poids minime dans l’économie toulonnaise. Toulon souffre d’une absence de masse critique d’activités de connaissance qui permettrait peu ou prou d’asseoir un développement auto-cumulatif procuré par des économies d’agglomération. Néanmoins, si pendant des années la ville a enregistré une croissance des emplois présentiels liés aux revenus injectés localement par la présence des militaires, des touristes et d’une importante population retraitée, à partir des années 2000 la croissance de l’emploi a été deux fois plus élevée que dans les années 1980-1990.
En moyenne, durant cette période, les fonctions métropolitaines y progressent plus vite que dans les autres aires urbaines, en particulier l’emploi dans les fonctions « prestations intellectuelles et culture-loisirs ». Toulon est entrée dans une phase de rattrapage qui lui a fait véritablement amorcé le virage métropolitain, à l’orée du 21e siècle. Ainsi, derrière le poids massif des emplois présentiels et leur forte place dans la croissance de l’emploi entre 1999 et 2007 (69 % de la hausse de l’emploi), il apparaît que c’est le développement des fonctions métropolitaines qui, par ses effets directs et multiplicateurs, peut être considéré comme à l’origine de 60 % de la croissance de l’emploi, loin devant les bases productives (7 %) et non productives (33 %). Les bases non productives (retraites, tourisme, prestations sociales, emploi public) ne sont donc pas, malgré les apparences, le moteur économique le plus important de la croissance de l’emploi dans l’aire toulonnaise des années 2000.
Mais du chemin reste à parcourir. Toulon est loin d’être à un stade où la diversité des activités et l’attractivité du capital humain donneraient un caractère cumulatif à la croissance.
Le thème de la fragilité a été repris dans trois villes : Toulon, Marseille et Toulouse. À Toulon, les principaux résultats mettent en évidence des paradoxes entre les énoncés institutionnels des formes de fragilités pré-sentes dans la métropole et le ressenti des habitants plébiscitant leur territoire, vu comme un espace de « bien-être », de qualités (cadre de vie, climat, environ-nement, paysage, proximité des commerces, du centre-ville, de la mer). N’en demeure pas moins l’expression de fragilités, de tensions dans l’accès et dans les rap-ports ou les relations à la ville (déplacements, logements, foncier, insécurité, segmentation, etc.). Au regard des acteurs socioprofessionnels, cinq registres de problématiques sont exprimés : celle de la centralité métropolitaine et de son attractivité questionnée en termes d’accès, d’image, de requalifi-cation et d’aménités, celle de l’envergure et des fonc-tions métropolitaines à conforter, celle d’une gouver-nance métropolitaine récente, celle de la fragilité du tissu socio-économique (attractivité de jeunes publics) et des tensions existantes en termes de logement et d’habitat.
Équipes
Responsable scientifique
Maurice Catin, économiste, professeur à l’Université de Toulon et du Var, Laboratoire LEAD (Laboratoire d’économie appliquée au développement)
« Économie de la connaissance »
Maurice Catin, Christophe Van Huffel
« Fragilités urbaines »
Emmanuel Roux, Sophie Louargant
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