La métropole en mutation
La métropole toulousaine, dont l’attractivité repose en partie, sur un développement économique porté par l’innovation scientifique et technologique, vit depuis quelques années une phase de recomposition.
Cette recomposition s’organise selon une triple orientation : le renforcement de la métropole institutionnelle et de la coopération intercommunale avec la création en 2009 – puis l’élargissement en 2011 – d’une communauté urbaine comptant 37 communes et plus de 700 000 habitants ; l’affirmation d’une métropole de la connaissance adossée à la robustesse d’un pôle scientifique et de recherche que la collectivité cherche à intégrer à la dynamique du projet urbain ; la consolidation d’une métropole solidaire par une meilleure allocation et redistribution des ressources au sein d’un territoire attractif, mais caractérisé également par différentes formes de fragilités.
Au sein de la métropole toulousaine concentrant des emplois à haute valeur ajoutée dans les secteurs de l’innovation et de la recherche, le projet urbain mobilise un nouveau référentiel, celui d’une métropole de la connaissance. Il oriente celui-ci vers la construction d’une société de la connaissance. Illustration de cette logique avec la Novela, manifestation culturelle « dédiée au partage des savoirs, scientifiques, artistiques, amateurs ». Ce jeune festival se déroule dans différents lieux de la ville après la rentrée universitaire, puisant dans les ressources endogènes pour proposer des expositions, des débats, des rencontres, des projections, des spectacles, etc. L’analyse de cet événement permet de révéler l’émergence d’un nouveau champ de l’action publique, la culture scientifique, mobilisant un système d’acteurs spécifique.
Autre exemple, celui de la Cantine Numérique, localisée en centre-ville de Toulouse. Ce lieu se veut autant un label qu’un point nodal au sein d’un réseau d’espaces dédiés à l’accueil d’une nouvelle catégorie de travailleurs dont l’activité repose sur l’usage du numérique. À la différence de la Novela, la Cantine s’efforce de territorialiser un concept exogène fortement valorisé, s’inspirant du modèle californien de la Silicone Valley et de ses start-up. Ce lieu est devenu l’objet emblématique de la microsociété toulousaine du numérique.
Pour les chercheurs, le Plan Climat-Energie Territorial toulousain (PECT) constitue une des instances de fabrication – ou pour le moins d’énonciation – d’une stratégie de développement urbain durable spécifique à la nouvelle communauté urbaine. Ce plan est concomitant à la réalisation des documents de planification stratégique et contribue à l’actualisation des instruments qui servent de référence aux orientations communautaires en matière de développement durable. Mais, le PCET participe également à l’animation d’une mobilisation multiforme qui vise à estomper les frontières partisanes, communales, sectorielles… Il constitue ainsi un espace d’acculturation à de nouveaux paradigmes de l’action publique locale, prenant acte du caractère incertain et itératif de la construction d’un projet métropolitain.
La métropolisation inclut, dans sa dynamique même, les ressorts de sa propre fragilité. C’est bien à l’exploration de celle-ci que se sont attachés les chercheurs pour en décliner non pas les dimensions les plus attendues (ghettoïsation…), mais les voies plus ordinaires en s’intéressant à un territoire « sans qualité ». Ce territoire du nord toulousain a supporté, plus que d’autres, une part importante de l’effort de production de logements consenti par la ville de Toulouse pour accroître ses capacités d’accueil.
La fragilité de ce territoire tient à un mode d’urbanisation composite, « sous tension », à la co-existence de populations aux attentes et trajectoires fortement différenciées, de passage pour une grande part. Ce territoire « malmené » par la métropolisation, pouvait-il faire l’objet d’une stratégie urbaine susceptible de lui redonner une identité, une plus grande cohérence ? Si la collectivité a tenté de mobiliser à son profit un certain nombre d’opportunités (projet de création d’un boulevard urbain nord, arrivée de la LGV, requalification des berges de la Garonne), en l’absence d’un « grand acteur » susceptible de structurer le développement urbain, ce nord toulousain risque d’être durablement assigné à une sorte de fonction « servante » nécessaire à la métropole.
Équipes
Responsables scientifiques
Marie-Christine Jaillet, directrice de recherche CNRS-LISST-Cieu/Université Toulouse-Jean Jaurès ; Fabrice Escaffre, maître de conférences en aménagement et urbanisme, LISST-Cieu/Université Toulouse-Jean Jaurès
Secrétariat scientifique
Samuel Balti et Patricia Panegos (LISST-Cieu)
« Économie de la connaissance »
Samuel Balti, Emmanuel Eveno, Mariette Sibertin-Blanc, Mathieu Vidal
« Développement durable »
Alice Rouyer
« Attractivité et fragilités urbaines »
Jocelyn Bourret, Fabrice Escaffre, Marie-Christine Jaillet
Ressources liées
- Document
Une trajectoire métropolitaine. L'exemple de Toulouse
OuvrageSous la direction de Fabrice Escaffre et Marie-Christine Jaillet, Editions du Moniteur, 2016
Rapport de recherche du consortium de Toulouse
DocumentUne trajectoire métropolitaine. L'exemple de Toulouse
OuvrageSous la direction de Fabrice Escaffre et Marie-Christine Jaillet, Editions du Moniteur, 2016
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