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Vitré, commune de 18 000 habitants, présente un cas devenu rare de petite ville dont la prospérité socio-économique est basée sur une activité industrielle diversifiée et en croissance relativement continue depuis plusieurs décennies, contrastant avec l’image généralement renvoyée par les autres villes de cette strate urbaine en France. Elle affiche en effet le 4ème taux de chômage le plus bas de France (5% contre 9% en France métropolitaine) ; comment expliquer cet îlot de prospérité ?
Le cumul d’indicateurs favorables fait de Vitré un cas d’espèce, avec un quasi plein emploi obtenu par la forte densité d’emplois secondaires qui seraient a priori induits par l’industrie. Cette logique d’inversion des formes habituelles de développement des petites villes généralement tenues par l’économie résidentielle réhabilite certains pans de l’« industrie industrialisante ». Dans le cas de Vitré, cette singularité est notamment observable par une diminution du poids pris par la sphère présentielle alors que l’emploi augmente. L’étude identifiera les ressorts de ce succès industriel au-delà des facteurs classiques habituellement énoncés pour en rendre compte (comme la situation sur l’axe Rennes-Paris bien desservi par l’autoroute et le rail) qui ne sauraient suffire à expliquer le réveil d’une petite cité dont la population a longtemps stagné suite à la perte de ses fonctions traditionnelles de garnison et de sous-préfecture dans les années 1920. Malgré l’essor des industries agro-alimentaires lié au développement de l’agriculture intensive en Bretagne après-guerre, Vitré était encore donnée pour perdue en 1976 par la CFDT du fait de l’effondrement de son industrie ancienne du cuir, de la chaussure et du textile.
Comment appréhender les ressorts de cette « anomalie » territoriale et ses éventuelles capacités d’adaptation aux évolutions de la conjoncture économique ? Évoluant à la croisée d’ancrages locaux et d’organisations industrielles mondialisées, quelles sont les logiques spatiales qui animent ce territoire « industrieux » ? Il s’agit ainsi d’analyser les formes des systèmes d’acteurs territoriaux, de leurs actions et des dynamiques relationnelles qui pourront nous donner à voir les liens entre les intérêts des acteurs industriels et institutionnels à différentes échelles spatiales. Il sera également question d’interroger le rapport à la métropolisation de ce territoire, horizon d’interprétation des recompositions socio-économiques à partir duquel s’est construit l’essentiel des récentes orientations spatiales des politiques industrielles et des réformes institutionnelles des pouvoirs locaux. Le projet identifiera les relations avec les dynamiques de métropolisation voisines (Rennes, Laval) et s’interrogera sur les effets de débordement et les stratégies de concurrence dans les orientations politiques de développement.
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Ressources liées
- VidéoPortraits de petites villes
La réussite industrielle des petites villes
OuvrageBenoit Montabone, avec la collaboration d'Hélène Bailleul, Guy Baudelle, Magali Hardouin, Agnès Lemoine
Vitré (Ille-et-Vilaine), le territoire sans modèle
Thèmes liés
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