Les bonnes pratiques consistent à révéler ce qui est pertinent dans un monde à la fois mondialisé, localisé et pragmatique qui accorde un crédit particulier à ce qu’offre l’expérience. Elles correspondent à des systèmes de production de normes collectives fabriquées à partir d’expériences qui ont fait (ou non d’ailleurs) leur preuve. Les bonnes pratiques constituent un terrain particulier de fabrique de la ville, à coups de démarches d’échanges ; de mutualisation ; et d’évaluation des actions conduites, par la sphère professionnelle. On s’intéresse avec elles aux pratiques et on oublie les procédures, signe d’un changement de mœurs de l’intervention publique. Dans le travail urbanistique au quotidien, des cultures professionnelles sont en jeu. Interagissent des habitus, des manières de faire, des références. Dans le cadre des projets urbains et des opérations urbaines qui les composent, nous pouvons particulièrement être attentifs aux mondes ou univers qui sont en interaction. L’hypothèse d’une superposition entre métiers et champs de travail est de moins en moins tenable et c’est particulièrement vrai à propos de la fabrique urbanistique. L’entrée par les situations, les dossiers, les affaires, revient à privilégier des chaînes d’action élargissant la gamme des « acteurs » et intégrant des actants que sont notamment les dispositifs. Et on se trouve alors bien confrontés à une pluralité d’univers.
Publication
Devisme, L., Dumont, M., Roy, E., « Le jeu des bonnes pratiques dans les opérations urbaines, entre normes et fabrique locale » in Espaces et Sociétés, 2007, n°131 ; pp 15-31.